PORTRAIT NATURE DU LYCÉE : MÉTHODES ET ANALYSES
Vous avez la conviction que votre établissement peut donner un coup de pouce à la biodiversité ? Avant de vous lancer, posez-vous les bonnes questions, interpellez les élèves sur leurs relations à la nature, associez-les à toutes les étapes de réflexion, d’explorations, d’observation, de diagnostic…
Voici quelques pistes pédagogiques pour vous guider jusqu’à la réalisation d’aménagements dédiés à la biodiversité, en mettant les élèves au coeur du projet.
Mener un débat Être humain-nature
La relation entre l’être humain et la nature peut être appréhendée sous un angle philosophique, sociologique, psychologique ou encore scientifique. L’échange des opinions et des avis, parfois contradictoires, l’expression des représentations ancrées en chacun, obligent vos élèves à trouver des arguments objectifs et à se
poser les bonnes questions.
Piste d’activité pour lancer le débat de manière ludique :
Préparation en 4 étapes :
Étape 1 : lancer l’activité (5’)
Présentez l’activité : « J’ai trouvé un test amusant dans un magazine et j’aimerais que chacun d’entre vous le fasse ». Diffusez le test à chaque élève. Laissez-leur 10 minutes pour le remplir, pas plus (confère le test en page suivante «Quelle est votre nature ? »)
Étape 2 : préparer le débat (10’)
Préparez 4 feuilles avec chacune une couleur du test (vert-jaune-rouge-bleu) et affichez-les aux 4 coins de la classe.
Quand les élèves ont terminé le test, demandez-leur de rejoindre le code couleur qu’ils ont le plus coché.
Pour les élèves n’ayant pas de couleur déterminée après le test, ils peuvent rejoindre le groupe de leur préférence ou aller dans les groupes les moins fournis.
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Étape 3 : présenter les différentes opinions (30’)
Chaque groupe, présente son approche de la nature avec un maximum d’arguments pendant 5 minutes. À la fin de chaque présentation, les autres groupes peuvent leur poser des questions pendant 2 minutes.
Étape 4 : débattre et choisir (15’ à 20’)
Chaque groupe a présenté sa position. Les élèves peuvent maintenant contredire les arguments des autres groupes. Demandez-leur de s’exprimer clairement et brièvement (moins de 30 sec.) afin de rendre le débat dynamique.
Après 15 minutes de débat, demandez à chaque groupe d’apporter une dernière conclusion, le dernier mot.
Puis, donner à chaque élève 3 à 4 post-it qu’il pourra poser sur le ou les arguments qui l’ont le plus convaincu.
Quand tout le monde a voté, regardez quels sont les arguments qui ont reçu le plus de suffrages. Pour quelles raisons ? Qu’en conclure ?
Test : quelle est votre nature ?
Ce test n’a aucune valeur scientifique, psychologique ou sociologique !
Quand vous l’avez terminé additionnez vos points et déterminez quelle est votre nature.
Vous avez plus de 8 vert
Vous êtes un NATURALISTE MYSTIQUE
Pour vous, la nature est primordiale, elle est sacrée. Vous êtes adepte de la mythologie de Gaïa la mère Nature. La nature survivra à l’Homme.
Vous pensez qu’on devrait respecter plus la nature. Qu’on doit la remercier pour ce qu’elle nous donne et la préserver à tout prix. Vous seriez plutôt partisan d’un retour à la nature, du manger bio, de vous
soigner par les plantes.
Vous avez plus de 8 jaune
Vous êtes un NATURALISTE RAISONNÉ
Pour vous la nature, c’est important. Vous aimez vous ressourcer par une belle balade, cultiver votre jardin, faire des activités dehors. Vous pensez que la nature n’est pas une ressource inépuisable et qu’il faut donc la gérer avec parcimonie, sans excès. Mais vous ne dédaignez pas les sciences et la technologie, et n’êtes pas partisan du retour à la vie d’antan.
Vous avez plus de 8 rouge
Vous êtes un RATIONALISTE
Pour vous la nature, c’est utile. Vous appréciez ce qu’elle peut vous apporter,
vous préférez la nature bien ordonnée des parcs ou de la campagne à celle d’une forêt sauvage ou d’un marais. Vous pensez que l’Homme trouve(ra) des solutions à tous les problèmes d’environnement,
grâce aux sciences et à la technologie. Vous trouvez que les écolos en font un peu trop et qu’il faut laisser à l’Homme la possibilité de développer ses activités, même si cela se fait un peu au détriment de la nature.
Vous avez plus de 8 bleu
Vous êtes un NEO MODERNISTE
Pour vous la nature n’est pas indispensable, c’est bien en photo, en film ou dans un jeu vidéo. Aller dans la nature vous ennuie, vous ne pouvez pas vivre sans une connexion internet. Vous pensez que le monde de demain est encore à inventer, qu’il sera résolument virtuel.
Vous trouvez qu’on a suffisamment d’activités à faire en ville, sans avoir besoin d’aller se crotter les pieds. Vous êtes adepte des sushis, de la nourriture moléculaire et du fast-food.
Vous avez plus de 6 mais moins de 8 de l’une des couleurs : combinez-la alors avec la deuxième couleur la plus représentée, pour avoir une idée de votre nature.
L’Homme et la nature ;
une histoire mouvementée
Valérie CHANSIGAUD,
avril 2013, Éditions Delachaux et
Niestlé, 276 p.
La peur de la nature
François TERRASSON,
1988, Éditions Sang de la terre, 192 p.
L’entraide : la nouvelle loi de la jungle
Pablo SERVIGNE
Le souci de nature
Cynthia FLEURY et Anne-Caroline PRÉVOST
Explorer un milieu naturel
Explorer un écosystème « naturel » c’est l’occasion de prendre conscience de la richesse et de la fragilité des milieux mais aussi d’observer les liens que l’Homme a pu tisser avec la nature au fil du temps.
Notions à aborder:
Photosynthèse et métabolismes complémentaires - réseau trophique dans un écosystème donné - présence et rôle de l’eau - espèces forestières régionales…
Les sujets d’études ne manquent pas et les pistes d’exploitation sont nombreuses :
â– utiliser des clés de détermination ; effectuer des prélèvements pour découvrir les différents types de sols ;
â– réaliser un inventaire d’espèces communes (oiseaux, escargots, etc.) pour comparer la biodiversité observée sur le site naturel et celle observée dans le lycée. Des précautions sont à prendre en termes de manipulation d’espèces protégées (confère le code de l’environnement).
La forêt, un écosystème fragile
La forêt offre une multitude de ressources à l’Homme, mais elle est aussi un habitat à préserver, un milieu vivant où coexistent animaux et végétaux. Chaque espèce tient un rôle majeur dans l’équilibre de l’ensemble. La forêt abrite une riche diversité d’espèces, de la plus petite échelle du vivant (micro-organismes) à la plus grande (arbres, grands prédateurs…).
Cette biodiversité est l’héritage de la longue histoire évolutive de notre planète. Elle est le résultat d’un équilibre complexe. Tout aménagement envisagé aujourd’hui doit être mis en perspective avec les impacts prévisibles sur la biodiversité. Il peut s’agir de menaces sur certaines espèces mais aussi de voir d’autres populations animales ou végétales pulluler dans un nouveau contexte.
Explorer et diagnostiquer le lycée
L’étude des potentiels naturels de l’établissement est indispensable avant d’entreprendre les aménagements avec vos élèves. En effet, ils dépendront de la nature du terrain et de son état initial. La phase d’état des lieux et de diagnostic est donc essentielle car elle vous donnera des indices sur ce qu’il faut ou non améliorer. Voici une progression pour établir le portrait naturel de votre lycée.
État des lieux : repères cartographiques
À l’échelle régionale
La Région Hauts-de-France se caractérise par une diversité de paysages : dunes et estuaires, plaine maritime, coteaux calcaires, marais, forêts, bocage, paysage urbain… Et vous ? Dans quel environnement vous situez-vous ? Êtes-vous plutôt sur les plaines de la Lys ou sur l’Estuaire de la Somme ? Êtes-vous entouré de bocage ou de culture intensive ? De béton ou de forêts ? Pour une étude plus fine, explorez les atlas des grands paysages régionaux sur le site de la DREAL et aidez vos élèves à définir dans quel type de milieu est implanté l’établissement.
À l’échelle locale
Le site Géoportail vous permet d’observer ce qu’il y a à un kilomètre à la ronde, puis de vous rapprocher progressivement de votre établissement pour observer ses abords directs. Qu’y-a-t-il de notable ? Des immeubles ? Des maisons avec jardins ?
Un axe routier ? Une rivière ? Des champs ? Des dunes ? L’édition d’une première carte servira de point de départ pour localiser les différents espaces. Connaître le cadre de vie et le milieu d’étude est un préalable indispensable car la nature du terrain détermine les aménagements futurs.
Exemple localisant le lycée pasteur de Lille
Enquête de terrain :
paysages, milieux, sols, tout le monde dehors. C’est le moment de partir en exploration, de poser un regard sur la nature, dans l’enceinte du lycée et ses abords immédiats. Incitez les élèves à observer les moindres recoins, y compris le bitume ! Ils peuvent s’aider de loupes et jumelles.
Il n’y a pas de petites découvertes, même une fourmi ou une toile d’araignée aura son importance. Pensez à tous les
milieux de vie possibles : les pelouses, les bordures, le pied des arbres, les jardinières... Tous les écosystèmes de la cour doivent être examinés.
Notez que la meilleure période d’observation où la biodiversité est à son maximum est mai-juin. Cependant, le diagnostic peut s’effectuer fin septembre, début octobre. Si vous souhaitez faire un comparatif d’une année sur l’autre, pensez à toujours l’effectuer à la même époque de l’année.
Dès cette étape, pensez à identifier des indicateurs d’évaluation qui vous permettront de mesurer l’impact de vos actions futures.
Réalisez une mesure initiale de votre indicateur, afin de pouvoir effectuer une comparaison « avant/après » et ainsi connaître la portée réelle de votre action.
​​Relevés faune-flore-fonge avec Vigie Nature École
Cette étape vous invite à évaluer l’état de la biodiversité dans votre établissement, en utilisant des outils de sciences participatives adaptés aux lycéens. Une activité motivante, collective, scientifique et ludique.
Invitez vos élèves à établir des inventaires précieux pour votre projet mais aussi pour la communauté scientifique. Fondé et porté par le Muséum national d’histoire naturelle, le programme Vigie Nature École met à votre disposition des protocoles : escargots, vers de terre, insectes pollinisateurs, oiseaux, chauves-souris, organismes marins, plantes sauvages… Ces protocoles vous permettront d’avoir une vision assez large de l’état de la biodiversité dans votre lycée.
Sauvages de ma rue
Les plantes herbacées ne produisent pas de bois : graminées, boutons d’or, trèfle, ortie, pissenlit…
Cet observatoire s’intéresse à la flore sauvage urbaine.
Observation des insectes pollinisateurs
et/ou floricoles en suivant le Protocole SPIPOLL Créé par l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE) et le Muséum national d’Histoire naturelle, le suivi photographique des insectes pollinisateurs (SPIPOLL) a pour but de récolter des données sur les insectes pollinisateurs et/ou floricoles. Les données récoltées permettent de mesurer les variations de diversité de ces insectes très utiles sur l’ensemble de la France métropolitaine. Plus nous serons nombreux à participer, plus les scientifiques auront ’informations pour évaluer l’état de santé de ces populations.
Opération escargots
Cherchez les escargots et les limaces, identifiez-les et transmettez vos observations aux scientifiques du Muséum. En participant à cet observatoire, vous aiderez les scientifiques à mieux comprendre l’importance des jardins et de leurs modes de gestion dans la conservation de ces espèces. Il n’est pas nécessaire d’être malacologue : tous les outils vous sont fournis pour identifier ces espèces.
Oiseaux des jardins
Oiseaux des jardins est un observatoire cofondé avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Son objectif est d’apprendre à reconnaître les oiseaux et les compter dans la cour du lycée, dans un parc public… Tout en prenant plaisir à observer la nature, les participants peuvent s’inscrire dans une démarche de recherche visant à étudier les effets du climat, de l’urbanisation et des pratiques agricoles sur la diversité des oiseaux communs.
Vigie-Chiro
l’observatoire des chauves-souris communes La France compte 34 espèces de chauves-souris. Certaines sont présentes sur l’ensemble du territoire comme la Pipistrelle commune ou la Sérotine commune tandis que d’autres ont une
distribution plus limitée. Vigie-Chiro, repose sur un suivi des chauves-souris lors de leurs activités de chasse et permet d’évaluer leur état de santé.
Placettes à vers de terre
Les vers de terre ont un rôle fondamental pour le bon fonctionnement des sols. Une baisse importante de leur nombre a des conséquences très négatives sur les cultures de plantes ou sur la santé du sol en général : si le sol est fréquemment piétiné ou labouré, leur nombre peut chuter de 50 à 80 %
Synthèse collective : diagnostic et premières hypothèses
Vos relevés effectués et vos observations bien en tête, lancez-vous dans le bilan de vos trouvailles. Cette partie est l’une des plus fastidieuses, encore une fois, n’hésitez pas à demander l’aide d’un spécialiste.
Comment mettre en commun les données et les classer ? Quelles premières conclusions pour alimenter la réflexion ? Ces premiers éléments vous amèneront aux actions à mettre en place…
â– Mise en commun des données et classification
Rassemblez vos fiches de relevés. Les élèves auront à réfléchir aux relations visuelles entre l’intérieur et l’extérieur de l’établissement.
Les inventaires et relevés que vous aurez pu recueillir donneront des indices sur la biodiversité présente et/ou potentielle.
â– Interprétation et hypothèses
Une fois vos inventaires renseignés, établissez des liens et faites comprendre la diversité des interactions entre espèces : rapport proie-prédateur, symbiose, parasitisme, commensalisme, compétition, neutralisme, etc.
Identifiez des réseaux trophiques à partir des espèces observées afin d’émettre des hypothèses.
Dessinez des réseaux trophiques à partir des espèces observées afin d’émettre des hypothèses.
Pourquoi manque-t-il des espèces ? Comment les faire venir ? Quel rôle joue chaque espèce ?
Interprétez vos observations : y-a t'il des liens entre la diversité des plantes herbacées et les insectes présents ?
â– Premières conclusions
Une fois les espèces répertoriées et la nature du sol définie, faites énumérer par les élèves, les familles d’animaux et de végétaux qu’il serait possible d’accueillir dans l’établissement. Demandez-vous ce qui pourrait les attirer : quelle nourriture ? Quels abris pour se cacher ? Quels lieux pour se reproduire ?
Aidez-vous de tout ce que vous avez pu observer jusqu’à présent, notamment lors de votre sortie nature (rappelez-vous des dynamiques de dépendances explorées). C’est également le moment d’expliquer pourquoi les espèces dites
« indigènes » sont à privilégier et en quoi elles faciliteront l’implantation d’une plus grande biodiversité.
Les élèves prendront plaisir à exprimer leurs souhaits, leurs désirs et leurs idées. De là, découleront, sans nul doute, de belles pistes d’aménagements.
Pensez également à transmettre des données aux acteurs de l’information naturaliste en Hauts-de-France.