JARDIN AU NATUREL
Prairies, haies, vergers, mares, abris et mangeoires… tous ces aménagements participent au retour de la biodiversité. Ils sont les ingrédients d’un jardin au naturel et une protection efficace contre les ravageurs. Vous pouvez aller plus loin en abordant le potager et plus globalement l’alimentation naturelle.
Nous synthétisons ici quelques règles d’or pour cultiver son jardin sans produits de synthèse et aider les lycéens à devenir des « jardiniers-citoyens »
Principe
Le jardin est un milieu vivant, un écosystème à part entière. Terre, sol, eau, flore, faune composent un tout.
Depuis janvier 2019, l’usage des pesticides est interdit. Il est donc grand temps de réhabiliter la place des adventices et d’expérimenter des techniques de cultures alternatives respectant la terre, la faune sauvage, les cycles naturels et la diversité végétale. L’ortie, par exemple, se révèle être un fabuleux fertilisant et repousse certains insectes et champignons. Si votre établissement possède une parcelle de terre pour réaliser ce type de projet, une réflexion préalable sera nécessaire pour identifier les contraintes auxquelles vous devrez faire face. Toute création de jardin commence par un crayonné, un plan…
Le temps du jardin n'est pas le temps scolaire
Nous voulions que nos élèves entrent en contact avec la nature de proximité avec laquelle beaucoup sont aujourd’hui éloignés. Quoi de mieux qu’un potager où existe une biodiversité « domestique », un patrimoine naturel et culturel. Le potager constitue aussi une porte d’entrée pour parler alimentation et développement soutenable. À Hazebrouck, c’est aussi une référence historique aux jardins ouvriers initiés par l’abbé Lemire. Mais, faire jardiner des élèves au sein d’une cité scolaire n’est pas chose aisée, des réticences existent… La « légitimation » par une structure extérieure comme la Région, la communication via des affichages et les réseaux sociaux permettent l’acceptation du projet. Il faut aussi faire sortir les ados de leur zone de confort : se retrouver dans la cour du lycée avec une bêche, un arrosoir et des baskets sales n’est pas facile pour certains ! Par ailleurs, le temps du jardin n’est pas le temps scolaire : il faut réfléchir au calendrier des cultures, avoir quelques variétés rapides (radis), de récolte tardive (courges) ou de culture hivernale (mâche). Des petits fruits, fraises, framboises, groseilles sont aussi faciles à mettre en place. La sélection des variétés régionales promues par ENRX est particulièrement intéressante. On reconnaît un bon jardinier à ses outils : ils doivent être très résistants et en nombre. Le programme Génération+biodiv a permis leur financement. Idéalement, il nous faudrait un local à proximité pour ranger les outils, comme une cabane de jardin avec des récupérateurs d’eau pluie. Un grand merci à l’équipe d’animation du Conservatoire Botanique National de Bailleul qui nous a apporté encadrement et compétences techniques. Isabelle DUTERTE, Sébastien FLAMENT, Maxime FLAMENT, Amélie DILLIES et Alexis ROUGET Lycée des Flandres Hazebrouck
Points de vigilance
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â– Trouver un relais pour s’occuper du jardin durant les vacances (récolte, arrosage…).
â– Établir un calendrier de cultures qui permette des récoltes hors vacances scolaires (variétés rapides et précoces ou tardives pour des récoltes de rentrée (pommiers, poiriers, pommes de terre, potirons…) Quelques préconisations pour obtenir un jardin naturel Garder un sol vivant Le sol est un support précieux, vivant, constitué d’éléments minéraux, de matières organiques en voie de décomposition et d’organismes vivants : vers de terre, insectes, nématodes, bactéries, champignons, algues... (de 1 à 5 kg de matière vivante par m3 ). Il est à la fois support des plantes et garde-manger dans lequel les racines puisent une partie de leur nourriture. Le rôle d’un jardin naturel, c’est de maintenir cette vie dans le sol.
â– Adopter le paillage et faire du compost. Pour en savoir plus, téléchargez « Le compostage et le paillage » sur le site de l’ADEME : https://www.ademe.fr/compostage-paillage
â– Limiter le travail du sol en laissant faire la nature. En dehors des plantations, le meilleur travail du sol est manuel (binage, bêchage, utilisation de la grelinette…). En effet, pour vivre, la faune et les micro-organismes du sol agissent sur la structure du sol et aèrent. Pourquoi les bousculer s’ils travaillent à notre place ?
Jardiner sans pesticide
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Avant tout traitement, se poser la question :
« Est-ce bien nécessaire ? » et privilégier la mise en place de barrières ou de pièges. Par exemple : pièges à limaces (soucoupes d’eau, cendres ou sciure de bois non traité), voiles anti-insecte, collier empêchant les fourmis de remonter le long des troncs, filet de protection pour les fruitiers…
â– Limiter les surfaces à désherber.
â– Choisir des végétaux adaptés à l’environnement : arbres fruitiers et semences potagères locales et régionales adaptées au climat.
â– Utiliser les plantes en association pour que chaque culture puisse profiter du voisinage des autres. Par exemple, la présence d’œillets d’Inde dans les cultures protège des attaques parasitaires.
â– Désherber manuellement ou avec un outil adapté. Par exemple : sarcloir mécanique, binette. Jardiner avec des engrais naturels Un sol bien équilibré, fertile et vivant permet aux plantes d’avoir un développement vigoureux et une meilleure résistance aux attaques de ravageurs et aux maladies. Pour un jardin au naturel, les engrais sous forme de matières organiques (fumier, compost) sont privilégiés pour leurs effets structurant et fertilisant sur le sol à plus long terme.
â– Semer des « engrais verts » entre deux cultures saisonnières (phacélie, moutarde, trèfle…) en début de printemps ou en fin d’été. Le broyage des plantes se fait avant la floraison avec une tondeuse. La masse végétale est ensuite enfouie par un léger bêchage.
â– Mettre en place des rotations de cultures. Chaque espèce puise des ressources différentes dans le sol. Par exemple, après les pommes de terre, courgettes et potirons, planter au même endroit navets, radis ou salades, moins gourmands. Intercaler les cultures de légumineuses (fèves, haricots secs, luzerne) avec les cultures gourmandes en azote (tomate, courge, …).
â– Utiliser les plantes en traitement : le purin ou la décoction d’ortie au pied des plantes, est un excellent fertilisant.
Économiser l’eau
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Un sol riche en humus se comporte comme une éponge : il absorbe l’eau, la stocke puis la restitue en période sèche ! Voici quelques gestes pour organiser un jardin économe en eau :
â– Privilégier les variétés anciennes et locales adaptées au sol et au climat et les légumes moins exigeants en eau (pomme de terre, carotte, panais...).
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â– Privilégier les cultures de printemps et d’automne pour profiter des précipitations de saison.
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â– Regrouper les plantes ayant les mêmes besoins en eau.
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â– Biner et pailler au pied des plantes pour diminuer la remontée d’eau par capillarité et éviter l’évaporation.
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â– Récupérer l’eau de pluie en réalisant ou en achetant un récupérateur d’eau.
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â– Arroser tôt le matin ou en fin de journée en évitant de mouiller le feuillage, en utilisant un arrosoir (plus doux que le jet d’eau) avec de l’eau à température ambiante. Suivi technique et naturaliste Une fois réalisé, le jardin sera entretenu par des méthodes douces (fauchage). Sa gestion plus ou moins libre accorde une place importante aux espèces végétales sauvages et à la diversité des milieux naturels Pistes complémentaires Travailler sur l’alimentation durable, les circuits courts Développer les Incroyables comestibles